Les perroquets sont des oiseaux totalisant plus de 350 espèces différentes. Du fait de cette diversité, l’approche comportementale est très généraliste et parfois très imparfaite. Une première étape de cette approche est de savoir différencier les comportements gênants, mais normaux, des troubles du comportement. Depuis les années 70, ces espèces non domestiques sont de plus en plus présentes dans nos maisons, car les techniques d’élevage à la main se sont développées pour proposer des animaux a priori « adaptés ». Cependant les psittacidés restent par nature des animaux non adaptés à la vie avec l’être humain, destructeurs, bruyants et rarement respectueux des notions de propreté chers à l’humain. Ces particularités font partie de l’éthogramme des psittacidés, c'est-à-dire que ce sont des comportements normaux. Il vaut donc mieux en être conscient pour éviter les déceptions et les abandons.
Les cris :
Ils sont normaux. Les perroquets à l’état sauvage passent environ 10 à 40% de leur temps à communiquer et utilisent notamment mais pas uniquement les cris à cet effet. Certaines espèces possèdent des capacités vocales plus développées que d’autres. Les Gris du Gabon (Psittacus Erithacus) par exemple sont bien connus pour leurs capacités d’imitation de la voix humaine. Le Gris a même un talent particulier pour reproduire les tessitures de voix de l’homme au point qu’il est parfois difficile de faire la différence. L’activité vocale normale se produit principalement en fin de journée et tôt le matin, dès le levé du jour. Elle se produit sur des périodes de 5 à 20 minutes en moyenne (ces durées varient selon le genre) et concernent les deux sexes, contrairement à ce qui est observé pour le chant chez les canaris par exemple, pour lesquels il est à 90% un attribut mâle.
Une méconnaissance de ces caractéristiques pousse malheureusement souvent les propriétaires à augmenter la fréquence des cris par des renforcements involontaires : accourir dès que l’oiseau hurle, pour qu’il cesse, est malheureusement le moyen le plus sûr d’augmenter le niveau sonore déjà mal supporté. Attention, certaines vocalisations sont une demande d’attention, mais d’autres peuvent traduire la contrariété ou la peur : ce sont les cris d’alarme ou de détresse, faciles à distinguer des demandes d’attention car les sons sont différents.
Dans tous les cas, des cris et des hurlements permanents sont considérés comme anormaux et doivent conduire à consulter un vétérinaire aviaire.
Les destructions :
Dans une maison, l’oiseau livré à lui-même a tendance à mâcher le mobilier notamment en bois…et il l’abime, tout simplement en se déplaçant. En effet, le bec est chez le perroquet un outil très utile qui lui sert aussi à grimper.
En captivité, c’est à dire dans un appartement ou une maison, voire dans une cage, la nourriture est plus facilement accessible que dans la nature, le temps alloué à s’alimenter est réduit, alors que le besoin d’activité reste le même. Dans la nature, l’activité liée à la recherche de nourriture peut atteindre 40 à 60% du budget d’activité total. Le temps qui n’est plus occupé par la recherche de nourriture est dévolu à autre chose. Si les perroquets sont privés de jouets ou de contacts sociaux ou n’en ont pas suffisamment, ils peuvent alors passer une partie de leur temps à s’occuper d’objets qui ne leur sont pas destinés, dégradant par conséquent des objets parfois indispensables et dont le remplacement est coûteux (portables, lunettes etc). Ces activités sont dites « inappropriées » mais ne sont toujours pas des troubles comportementaux.
Les agressions :
Agresser est un comportement plus fréquemment observé en captivité qu’en milieu sauvage. En liberté, le perroquet utilise préférentiellement la fuite ou d’autres modes de communication dans la résolution des conflits. En captivité, si l’oiseau est dans une cage ou s’il a les ailes taillées, la fuite vers des endroits sécurisés (c’est à dire en hauteur) devient impossible. L’agression peut alors être sa seule option.
Le mode d’élevage et la provenance de l’oiseau sont généralement responsables de son degré de tolérance à l’approche et à la manipulation. Dans le cas d’oiseaux élevés à la main, le contact sera théoriquement facilité. Certains perroquets peuvent malgré tout être agressifs indépendamment du type d’élevage subi : c’est notamment le cas lors d’atteintes douloureuses. C’est aussi le cas parfois lorsqu’ils grandissent au contact d’adultes eux mêmes agressifs.
Enfin les agressions « normales » sont très souvent des agressions apprises : si pour rester dans la cage ou au contraire pour ne pas y être enfermé, le perroquet comprend que mordre est efficace, c’est le propriétaire lui-même qui a induit ou accru l’agressivité de l’oiseau. Il est toujours préférable de l’inviter à sortir ou à rentrer de son propre gré.
La peur :
Les comportements de peur sont des adaptations indispensables à la survie d’une espèce dans un milieu parfois hostile. En captivité, la peur se traduit par la fuite ou a minima un retrait au fond de la cage lorsque l’oiseau ne peut pas fuir. Le manque de familiarisation à l’être humain, des méthodes de capture ou de contrainte musclées, l’utilisation inopportune de punitions sont autant de causes possibles.
Le recul face à une personne inconnue est courant et sera en fonction du degré de socialisation de l’oiseau. En revanche, un comportement phobique, c’est à dire la permanence d’attitudes et de postures exprimant la peur en l’absence de toute explication logique (pour un perroquet) est à considérer comme un trouble du comportement sérieux qui doit faire l’objet d’un véritable diagnostic.
Auteur : Dr vétérinaire Comportementaliste Muriel ALNOT-PERRONIN, mars 2014.