On voit régulièrement fleurir sur Internet des écrits sur les parasites internes des oiseaux, essentiellement les "vers". Malheureusement, beaucoup de ces articles sont écrits en dehors de toutes notions biologiques de base, d'hygiène simple et de bon sens et avec une banalisation de l'utilisation de médicaments qui ne sont bien souvent pas autre chose que des antibiotiques.
Il y a toujours un risque de remplacer les hommes de l'art que sont les vétérinaires. Notre article a pour objectif d'éclairer les lecteurs sur quelques points, étant précisé que rien ne peut remplacer l'avis d'un homme du métier.
1) Les risques d'infestation sont étroitement liés à certaines conditions de vie de l'oiseau :
- Oui, possiblement pour des oiseaux ayant accès à un sol en terre et le grattant comme notamment les perruches, les kakarikis...
- Oui, pour des Psittacidés en contact avec des oiseaux d'ornement (canards, faisans...).
- Oui, si votre oiseau provient d'élevages ou d'importateurs pratiquant le "blanchiment" médicamenteux de leurs oiseaux.
- Oui, si vous avez des animaux de compagnie (chats, chiens...) qui sont eux-mêmes infestés.
- Oui, si vous avez, par exemple, un enfant qui a un taenia et qui touche l'oiseau.
- Oui, si vos fruits et légumes ne sont pas lavés et que toutes les personnes "touchant" votre oiseau n'ont pas une hygiène rigoureuse des mains.
- Non en principe, dans d'autres conditions car la probabilité devient alors faible.
2) Vermifuger, ce n'est pas banal !
Posons comme principe que l'utilisation de vermifuges n'est pas un acte banal, puisqu'il s'agira, si votre oiseau est infesté, d'utiliser bien souvent un antibiotique (au sens premier du mot, "contre la vie"), même si l'on doit préférentiellement utiliser le terme "anti-parasitaire".
Tout traitement "antibiotique" peut entraîner l'apparition de résistance à terme et l'on ne traite pas sans avoir la preuve de l'infestation. Auriez-vous l'idée de prendre des antibiotiques à l'automne pour prévenir les angines printanières ? En outre, ce n'est pas parce qu'un traitement était précédemment efficace qu'il faut recommencer avec les fonds de boites restantes ! Le diagnostic doit être établi à chaque fois.
Enfin, si un oiseau bien nourri résistera certes mieux à une éventuelle infestation, le régime alimentaire n'empêchera en aucun cas la survenue de cette infestation.
3) Préventif et curatif :
a)Pour appliquer un traitement préventif (qui pourrait comporter des risques à partir du moment où la molécule est efficace), il faut que vous ayez constaté une possibilité réelle d'infestation pour votre oiseau (Cf. point 1).
A ce titre et selon nous, le traitement préventif ne présente que peu d'intérêt pour un particulier puisque, si l'oiseau n'a pas de vers (ou œufs) et qu'il ne vit pas dans un environnement à risque, que pourrait donc bien faire ce produit. On ne se fait pas vacciner contre la fièvre jaune lorsque l'on ne quitte pas la métropole !
Il pourrait en être autrement pour un particulier ayant d'autres animaux de compagnie (chien et chat vivant en partie dehors) ou de nombreux oiseaux.
Si vous venez d'acquérir un oiseau, le mieux est de consulter votre vétérinaire pour un bilan de santé (dont la recherche de vers fera partie ainsi que la PBFDet les polyomavirus).
De toute façon, le seul vrai traitement préventif consisterait à "stériliser" totalement l'environnement, ce qui est utopique et en plus non souhaitable.
b)Le traitement curatif doit être institué seulement après que votre vétérinaire a identifié le parasite impliqué et prescrit le médicament adapté.
Il existe de nombreux médicaments, qui se différencient par leur efficacité, leur toxicité et leur mode d'administration. Le vétérinaire (préférentiellement spécialisé dans les oiseaux) saura choisir, dans ce cas, la molécule la plus efficace, la moins toxique, et la plus facile à administrer.
Certains médicaments comme la pipérazine (DCI) et ses dérivés,
utilisés parce que de faible coût, de faible toxicité et en vente libre dans de nombreux magasins, ont perdu en très grande partie de leur efficacité (aussi bien en médecine humaine que
vétérinaire).
De plus, il est souvent fait mention de l'ivermectine (DCI). Ce produit est bien toléré et efficace, mais étant éliminé sous forme active, il a un retentissement important sur
l'environnement.
Le mode d'administration est un point important pour nos amis les perroquets.
N'oubliez pas que :
- un perroquet ne boit pas quotidiennement la même quantité d'eau et qu'à ce titre, la dose réellement absorbée par l'oiseau relève des lois du hasard.
- un médicament au mauvais goût, même caché dans un fruit, sera vite repéré par votre compagnon.
4) Conclusions :
Nous vous recommandons de consulter votre vétérinaire, préférentiellement spécialisé dans les oiseaux, et d'évoquer avec lui, les risques éventuels pour votre oiseau d'infestation par les vers en précisant ses conditions de détention. Il pourra, le cas échéant, vous conseiller un traitement préventif.
De plus, l'observation quotidienne de votre oiseau vous permettra de déceler les premiers signes d'affection pouvant être due notamment à des vers. Dans l'observation quotidienne, nous parlons aussi d'examiner de près les fientes ! (c'est pas cher et sans aucun risque pour votre compagnon).
Cet article a été écrit en collaboration avec le Docteur Vétérinaire Pascal Perronin
(Clinique de Sycomore à Epernon).