Le picage : origine et traitement

Les plumes ont différentes fonctions : vol, thermorégulation, protection contre les agressions climatiques et environnementales, rôle de séduction pour le partenaire. Sans plumes, les oiseaux sauvages ne pourraient pas survivre.

 

Le moyen par lequel un oiseau fait lui même sa toilette est nommé lissage. Il utilise son bec, pour remettre méticuleusement en place les fourreaux et les barbes, et ses pattes pour pincer les plumes se trouvant autour de sa tête et de sa nuque. Il n'est pas rare non plus que les oiseaux prennent un objet pour réaliser ce lissage. Le lissage mutuel est également commun chez les oiseaux appariés.

 

Le lissage, c'est à dire l'entretien normal du plumage, doit donc être distingué du picage, c'est à dire la mutilation des plumes.

Au milieu, se trouve l'entretien normal des plumes et les soins qui leur sont donnés.
A gauche, l'oiseau n'entretient pas son plumage.
A droite, l'oiseau entretient trop son plumage et peut le détruire (picage).

Qu'est ce que le picage ?

 
Il est important de comprendre que le picage est un comportement extrême et détourné de l'entretien des plumes.


Dans les cas les plus évolués, le perroquet arrache les plumes sur tous les endroits accessibles de son corps. Dans la majorité des cas, seuls le poitrail et la zone ventrale sont dénudés.


Le picage peut être une activité continuelle ou épisodique pour l'oiseau :
 il laissera ses nouvelles plumes pousser et en quelques heures, il arrachera tout.


Le picage de plumes est un type de comportement obsessionnel et destructeur pendant lequel toutes ou une partie des plumes sont méthodiquement arrachées, amputées, cassées ou dans certains cas, simplement endommagées. Ce comportement empêche souvent la croissance des plumes ou la pousse des nouvelles.

 

Le picage n'est pas difficile à reconnaître : les plumes sont endommagées, mutilées, la peau nue est visible alors que les plumes de la tête sont épargnées et apparaissent toujours intactes et parfaites, sauf lorsque l'oiseau est piqué sur la tête par le (ou les) compagnon(s) de cage ; les oiseaux captifs se faisant souvent une toilette mutuelle qui peut parfois dévier vers l'excès destructeur.

 

Le picage se distingue de la mue qui est un processus physiologique normal. Les vieilles plumes tombent et sont remplacées par de nouvelles. La fréquence de la mue varie en fonction des espèces et des individus et dépend aussi de facteurs climatiques et géographiques. Il faut en général compter au minimum, une mue par an.

 

Il y a une très petite différence entre prendre une plume dans son bec pour la lisser (lissage) et prendre la plume en son milieu et la sectionner ou l'arracher (picage).

Lors de la mue, le perroquet laissera ses plumes au fond 

de la cage ou de la volière.
La base (Calamus) demeure intacte.


Pour différentes raisons, l'oiseau récupère les plumes tombées et les détruit. Ce comportement peut conduire à l'arrachage des plumes non encore tombées et au picage.D'où la nécessité de bien s'intéresser à son oiseau et de l'occuper en lui donnant des "jouets" à grignoter.

 

La plupart des oiseaux semblent voués au picage. Pourtant, le picage est plus rarement décrit chez les Amazones et les perruches.

 Ces traumatismes répétés et continuels donnent des infections et empêchent la cicatrisation des zones concernées.


Origine du picage :


 Ils existent des origines médicales et non médicales au picage.

 

Concernant les causes médicales, le picage peut être la conséquence de modifications des taux hormonaux, d'une infection fongique ou bactérienne de la peau ou des follicules des plumes, étant précisé que les parasites externes (type poux) sont extrêmement rares chez les oiseaux captifs. Les causes non médicales sont dépendantes de facteurs psychologiques et/ou du stress de l'oiseau.

 

Le picage est essentiellement associé à la captivité. En effet, les oiseaux sauvages sont davantage préoccupés par leur propre survie et leur reproduction. En revanche, les oiseaux captifs supportent des stress non connus de leurs homologues sauvages. La captivité, la malnutrition, l'absence de compagnon empêchant tout rituel de parade et de cochage, sont des éléments de stress, auxquels s'ajoute celui associé au confinement dans une maison (bruit, agitation, présence d'animaux domestiques).

 

Comme les humains, les oiseaux sont des créatures d'habitude et les changements, qu'ils soient petits ou grands, de leur environnement et des habitudes établies peuvent les stresser. Ce stress entraîne souvent des troubles du comportement avec introversion se manifestant par le picage.

 

Comment traiter et prévenir le picage ?

  

Les anomalies de plumage résultant du picage sont un vrai défi thérapeutique pour le vétérinaire praticien.
Il est évident qu'il n'y a pas de solution expresse ou facile contre le picage ayant pour origine le stress ou des facteurs psychologiques.

 

Quelques exemples de solutions :

 

1) Les collerettes constitués de matériaux opaques aux rayons X ou en matière acrylique, créent une barrière artificielle entre le bec de l'oiseau et ses plumes. Les collerettes traitent les symptômes (le picage et la mutilation des plumes) mais n'éliminent pas la cause. En fait, ces colliers peuvent être eux-mêmes un facteur de stress des oiseaux en captivité et les empêcher de se faire leur toilette normalement. Ils ne doivent être posés que si cela est absolument nécessaire pour arrêter les mutilations, une éventuelle hémorragie, ou en désespoir de cause, lorsque tout a échoué.

 

Si votre vétérinaire n'a pas diagnostiqué d'origine médicale et que l'ennui est considéré comme la cause essentielle du picage, alors vous devez envisager des changements.

 

2) Augmenter le temps consacré à l'oiseau diminuera grandement la propension de l'oiseau à se piquer.

 

3) Parfois, le simple fait de changer l'oiseau de place, voire même le simple changement de perchoir, sont suffisants. La pertinence pour un changement dépend de l'oiseau et des conditions précédentes de détention. Par exemple, un gris du Gabon qui se pique (oiseau souvent timide et soupçonneux) sera beaucoup mieux dans un lieu calme et sécurisant que dans un endroit bruyant et fréquenté de la maison.

 

En revanche, un Cacatoès (docile, affectueux, plutôt grégaire) qui vit isolé et commence à se plumer se trouvera mieux dans des pièces fréquentées.

 

Si un oiseau qui se pique vit dans une petite cage ou dans un espace limité, on peut essayer de lui donner plus d'espace.

 

De même, si l'oiseau n'a pas suffisamment de repos, on se doit de lui procurer un habitat plus calme.

 

4) La brumisation ou le bain d'un " piqueur ", quotidien ou régulier, peut être bénéfique car le plumage mouillé incite à une toilette normale. L'objectif est que l'oiseau passe plus de temps au lissage de son plumage qu'à mâchouiller ses plumes ou les arracher.

 

5) L'ennui peut également être contrôlé en donnant une grande variété de nourriture. Il convient d'insister sur les aliments qui requièrent du temps pour être consommés (graines non dénudées, noix, haricots durs, macaronis,…) et sur ceux qui présentent une palette de couleurs, tailles, textures diverses et attractives… Ces aliments sont récréatifs pour l'oiseau qui passe plus de temps à se nourrir et donc diminue celui consacré au picage.

 

6) Il en est de même pour les jouets offerts. La plus grande variété doit leur être offerte, telle que des cordes, chaînes solides, morceaux de bois dur, miroir… Ils doivent être adaptés à la taille de l'oiseau et à ses capacités de destruction. Les jouets doivent procurer à l'oiseau une grande stimulation pour l'occuper. Des jouets naturels en bois, des branches d'arbres non toxiques avec des feuilles (arbres fruitiers, eucalyptus, cônes de pins,..) peuvent être fournis pour que l'oiseau les examinent, les mâchent et les détruisent. Ces branches d'arbre seront au préalable nettoyés et libres de résidus de pesticides ou d'herbicides. Ces objets doivent fournir de l'exercice à l'oiseau : une corde est idéale comme une boite avec des trous que l'oiseau parcoure et inspecte. La radio ou la télévision peuvent être laissées à l'oiseau pour le divertir et occuper ses autres sens.

 

Un oiseau qui se pique a besoin de voir son attention déviée de son habitude.

 

7) La plupart du temps, le picage se produit chez un oiseau seul et en cage avec une frustration et un isolement sexuel. Il est facile pour nombre de propriétaires d'ignorer la sexualité de l'oiseau animal de compagnie car, souvent, le vrai sexe de l'oiseau n'est pas connu. Dans la plupart des cas, les oiseaux captifs n'ont pas de dimorphismes sexuels ou de caractéristiques phénotypiques pour les différencier. Cependant, ils sécrètent des hormones puissantes (testostérone, œstrogènes) qui peuvent modifier leur comportement.

 

Dans la nature, ces changements hormonaux conduisent au choix d'un compagnon ou d'une compagne pour la parade nuptiale et le cochage. Malheureusement, l'oiseau solitaire ne peut réaliser la même chose. La frustration qui en découle peut conduire au picage. Quelques scientifiques affirment que le picage est influencé par une sécrétion hormonale destinée à développer la plaque incubatrice, cette zone ventrale qui dégage une forte chaleur et permet la couvaison. En captivité et en situation de non-reproduction, le picage et l'arrachage des plumes sont non productifs et deviennent obsessionnels même si les taux hormonaux baissent.

 

Certains oiseaux répondent bien à l'injection de progestérone au tout début du picage.

 

Accoupler l'oiseau est aussi une solution qui n'est pas toujours réalisable. On peut également essayer de réduire les processus de stimulation sexuelle (mettre un miroir, des jouets…).

 

Lorsque l'on détient de nombreux oiseaux, le picage peut aussi être dû à la présence d'autres oiseaux. Isolez alors l'oiseau pour diminuer son stress et l'importance du picage.

 

8) Ils existent des remèdes populaires contre le picage. Les sprays utilisant des essences naturelles (pomme amère, eucalyptus,..) et incommodant l'oiseau pour attraper ses plumes et les mâcher, l'utilisation de tranquillisants recommandés pour traiter le picage chronique, le placement d'oiseaux de sexe opposé dans une autre pièce sans que l'oiseau puisse entendre les cris des autres, peuvent aider à lutter contre le picage.

 

Malheureusement, ces divers remèdes ne sont pas pleinement efficaces. Ils se contentent de "soigner" les symptômes sans traiter la cause. Il peut toutefois être utile de les essayer pour aider et soulager l'oiseau.

 

9) On a aussi suggéré une autre solution : surtout ne pas tailler les ailes des oiseaux qui se piquent, en particulier les rémiges. Même si la "taille" des plumes n'affecte pas l'apparence de l'oiseau, le fait de les couper risque d'entrainer l'oiseau à mutiler des plumes plus larges et plus longues (l'oiseau découvrant rapidement qu'il reste des plumes intactes qu'il risque donc d'endommager à leur tour) ou à mâchouiller les pennes des plumes coupées. Ces mutilations donnent des plumes effilochées qui ne tombent pas lors de la mue suivante et tendent à rester indéfiniment.

 

Si vous faites le choix de ne pas couper les rémiges, vous êtes responsable de laisser dans votre maison un oiseau avec toutes ces capacités de vol. Prenez la décision de façon prudente !

 

Dans le cas de picage chronique, examinez soigneusement votre oiseau ainsi que toutes les interactions de l'environnement. Vous pouvez ainsi mettre en place un "programme comportemental". Un vétérinaire habitué aux oiseaux pourra vous proposer ses services pour la mise en place de ce programme. Il est sûr que les modifications de l'environnement de l'oiseau peuvent réduire efficacement le niveau de stress et ses causes et même traiter complètement les odieux problèmes de picage.

 

Un vétérinaire habitué aux oiseaux pourra vous orienter et vous conseiller efficacement.

 

Dans quelques cas de picage sévère, il n'y aura malheureusement aucune solution. Les dommages et la destruction des plumes, ainsi que des follicules suite à des traumatismes cutanés répétitifs, sont tels que la perte des plumes est permanente ou bien la repousse des plumes anormale. Ces oiseaux de "compagnie" sont ingérables et difficiles à détenir, l'idéal étant alors de les placer en aviculture, une décision difficile à prendre pour un propriétaire dévoué à son oiseau…