La complainte de K ...

Mon nom est K…, je suis ce merveilleux oiseau tant convoité qu'est le Cacatoès moyen à huppe jaune; enfin merveilleux, lorsque l'on est entre de bonnes mains.

Qui m'aurait dit que j'allais finir un jour cloisonné dans cette maudite cage minuscule dans laquelle je pouvais à peine bouger; dans ce local délabré, sale et ou  le chauffage et la lumière du jour n'existaient quasiment pas et ou les courants d'airs me glaçaient le corps.

Evidemment, dans de telles conditions, avec mes excréments cumulés sous les pattes, le minimum vital de graines, et un poids de 380 grammes, j'ai vite déprimé, et ce n'est pas l'état de mon plumage devenu laborieux, et cette maudite aile presque pendante qui aurait fait de moi une " belle vente " comme disait le propriétaire des lieux.


Et puis un jour, certainement par hasard, ou non, plutôt par passion, on m'a libéré de mon calvaire quotidien. Je dis par passion, car pour vouloir de moi dans cet état, ça ne pouvait pas être dans le but de faire de moi ce merveilleux oiseau, mais plutôt pour défendre la cause animale et ce cas représentatif de mauvais traitement que j'étais.

Ce jour là, tout a changé pour moi. Dès mon arrivé, ce fut la visite médicale, avec radiographie et bilan général de santé. Ok, ce n'était pas la grande forme, et je ressemblais plus à une lingette blanchâtre qu'a un cacatoès. Mon aile avait bel et bien été fracturée, d'après le vétérinaire, c'était un acte volontaire, mais je ne peux pas vous dire quand ni comment, et de plus, mon ventre était tout déplumé.

 

Je vous ai laissé une petite photo pour vous laisser imaginer.

 

J'entamais alors une longue convalescence ; on me mit tout d'abord dans une pièce tempéré et enfin éclairé, avec cette grosse lampe rouge qui me réchauffait le plumage, et une cure de fruits frais et légumes. Et puis, on me chouchouta et l'on me mit des petits jouets sympa dans ma cage, pour ma distraction favorite: rogner, ronger, bref, me faire le bec.

Et puis, mes plumes se sont mises à repousser, me donnant alors enfin l'aspect d'un vrai cacatoès. Après plusieurs mois de remise en forme, j'ai retrouvé enfin un plumage radieux, mais pour moi, le grand vol, c'était tout de même fini.
Je ne comprendrai jamais pourquoi m'avoir cassé l'aile, alors que la coupe de quelques plumes de mon aile aurait suffit à m'empêcher de m'échapper.


J'ai eu un peu de mal à oublier toutes ces perturbations morales, malgré tous les soins, fruits, friandises, jouets et autres agréments, qui faisaient alors mon quotidien, je refusais toujours tout contact et caresse de la main ; une mauvaise expérience humaine passée.


Un jour, j'ai eu le coup de foudre pour cet ami de mon propriétaire, à qui j'ai fait confiance, mon propriétaire n'a pas hésité? et il m'a laissé partir.


Aujourd'hui, je les remercie tout deux, d'avoir fait de moi, ce que je suis :

K…, ce merveilleux oiseau tant convoité !!! (Une adhérente de l'ASAP)

 

K.. a subi une pratique mutilante nommée l'éjointage*, qui empêche tout oiseau de voler ,et ce, à vie.

 

* L’éjointage est un procédé d’amputation de l’extrémité d’une aile d’un oiseau pour l’empêcher de prendre son envol qui consiste à sectionner, le plus souvent à l’aide d’une paire de ciseaux ordinaires, quelques segments porteurs des grandes plumes appelées rémiges métacarpe compris.

Cette pratique barbare est habituellement appliquée dès la naissance aux oiseaux dits « d’ornement » comme certains canards, poules et autres oiseaux exotiques pour les maintenir captifs.